Le secteur financier fait face aujourd’hui à des défis majeurs de transformation qui s’inscrivent dans la nécessaire transformation de notre économie au sens large.
Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs financiers sont de plus en plus contraints de se transformer sous le double effet de la réglementation et la mobilisation progressive du marché. Même si cette transformation réelle est encore timide, elle existe bel et bien et est encourageante.
Dans ce contexte, Colombus Consulting publie une étude visant à présenter les enjeux autour de la biodiversité, les différents moyens de mesure qui existent et la façon dont quelques investisseurs majeurs s’en saisissent.
Pour faire évoluer les flux de financement et d’investissement, il faut définir et mesurer de nouveaux indicateurs : pouvoir évaluer la capacité à perdurer dans un monde bouleversé d’une part et d’autre part mesurer ses impacts qui aggravent ou non ces changements sociaux et environnementaux.
Pourquoi la biodiversité s’invite-t-elle dans le cadre stratégique et réglementaire des acteurs financiers ?
La biodiversité est fondée sur trois piliers que sont la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes ainsi que les interactions au sein et entre ces piliers. Un écosystème est une communauté d’organismes vivants (plantes, animaux, champignons et divers microbes) interagissant entre elles et avec les composants non-vivants de leur environnement (énergie, air, eau et sol minéral), en tant que système.
La biodiversité est essentielle parce que c’est elle qui permet notre vie sur Terre, de nous nourrir, de nous développer, et nous inspire au quotidien. Nous avons besoin des services écosystémiques que la nature nous offre :
- Contributions matérielles (matières premières, nourriture, plantes pour se soigner, eau potable, …) ;
- Contributions de régulation (filtration de l’eau et de l’air, fertilité des sol, pollinisation, régulation des cycles naturels, …) ;
- Contributions culturelles (récréatives, spirituelles, éducatives) ;
- Contributions de soutien (résilience des écosystèmes).
Et le rôle de la finance est de faire fonctionner notre économie qui s’inscrit dans un cadre social, compris lui-même dans la biosphère, c’est-à-dire l’ensemble des organismes vivants et leurs milieux de vie, donc la totalité des écosystèmes, de facto, la biodiversité.
La biodiversité dans le cadre réglementaire et normatif : une intégration croissante mais insuffisante
Bien que la prise en compte de l’érosion de la biodiversité et de ses impacts ne soit pas encore aussi avancée que celle des enjeux climatiques, le monde financier réagit, fait progressivement bouger ses stratégies, sous l’effet conjoint des réglementations et des normes qui se structurent.
En effet, les institutions financières peuvent désormais s’appuyer sur des cadres de divulgation et des réglementations qui intègrent la biodiversité dans leurs obligations extra-financières. Ce sont des cadres de transparence qui visent à mieux comprendre les pratiques et les impacts afin d’aligner les pratiques vers la soutenabilité à terme.
La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), la LEC 29 (Loi Energie Climat Article 29) et de nombreux cadres normatifs cherchent à rendre accessibles les informations sur les impacts et dépendances liés à la biodiversité, favorisant ainsi la prise en compte de la biodiversité dans les stratégies des acteurs financiers.
Comprendre opérationnellement la gestion de la biodiversité pour les acteurs financiers : méthodes et outils
La biodiversité s’étudie sous le prisme du risque et de l’impact, c’est-à-dire en double matérialité. Ainsi, chaque activité économique sera soit dépendante et/ou aura un impact sur les services écosystémiques.
L’acteur financier, est un miroir de l’économie réelle qu’il finance. Il a aussi pour métier d’évaluer les risques, c’est pourquoi il évalue :
- L’impact sur la biodiversité de ses participations.
- La dépendance à la biodiversité de ses participations.
C’est avec ce regard que des méthodologies et outils sur la biodiversité ont été développés ces dernières années.
La base de données ENCORE (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure) agit comme un socle de référence pour comprendre les impacts et les dépendances de différents secteurs d’activité. Elle a été mise en place par Natural Capital Finance Alliance, en collaboration avec Global Canopy, UNEP FI (United Nations Environment Programme Finance Initiative) et UNEP-WCMC (World Conservation Monitoring Centre). Cette base de données gratuite et accessible par tous permet, entre autres, aux entreprises et institutions financières de se rendre compte des impacts sur le capital naturel et des dépendances à cette dernière en fonction des différents mécanismes de production et activités économiques.
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