Le cabinet de conseil en management Colombus Consulting publie les résultats de son étude consacrée à la santé financière des pétroliers. L’épidémie de Covid-19 a entrainé la chute de la consommation mondiale de produits pétroliers dès janvier 2020, créant un déséquilibre entre la production et la consommation :
• En raison de la crise sanitaire, le différentiel production-consommation s’élève à 19,6 millions de barils par jour en mars 2020.
• Entre S1 2019 et S1 2020, les pétroliers enregistrent une perte moyenne de -276 %.
• Les actions de ces derniers valent, au 2ème semestre 2020, généralement entre 70% et 40% de leur prix de janvier 2011.
Ce stockage massif de pétrole a provoqué la quasi-saturation des espaces de stockage dans le monde et la chute des marchés pétroliers début 2020.
Des résultats financiers moins convaincants : le rôle des transformations
Si l’EBITDA (bénéfice avant intérêts) était déjà en baisse en 2019 (sauf pour Total), la crise sanitaire de 2020 a renforcé la tendance. Face à ce constat, les pétroliers ont réagi à l’aide de plans de réductions de coûts, dont l’impact le plus sensible concernait souvent les réductions d’effectifs. Quant aux dividendes trimestriels, ils ont connu une évolution hétérogène en 2020, en fonction des acteurs. Par exemple, Chevron a connu une hausse des dividendes trimestriels en 2020, tandis que le Groupe BP les a réduits de moitié.
Reprise de la consommation, diversification et décarbonation : quelles perspectives pour les pétroliers ?
Avant la crise sanitaire, les taux de rentabilité avaient déjà baissé, notamment pour Shell, Exxon et Chevron qui enregistraient des pertes de -50% à -90% entre 2012 et 2019. Si cette tendance se poursuit, ainsi que le phénomène de l’endettement croissant et des prix bas, cela pourrait interroger la capacité de certains pétroliers à financer de grands projets complexes (forages sous-marins, pays à risque, décommissionnements, etc.). La persistance de ces perturbations pourrait aussi favoriser les entreprises plus diversifiées, moins dépendantes du prix de pétrole, ayant déjà amorcé une transition. Cependant d’autres entreprises signalent qu’elles misent sur une hausse de leur production.
Face aux contraintes de la décarbonation et de la transition énergétique, certains groupes pétroliers se sont aussi dotés d’objectifs « verts » dont le degré d’ambition environnementale et de réduction de Gaz à Effet de Serre (GES) varie fortement selon les acteurs. Parmi les freins sérieux pour certains acteurs, on relève l’endettement, la baisse de la rentabilité et du chiffre d’affaires.
Si les pays mettent en œuvre la décarbonation visée par l’Accord de Paris, les pétroliers devront se diversifier davantage pour moins dépendre des activités émettrices de CO2, et certaines compensations GES actuellement envisagées pourraient ne pas suffire.
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